Déclaration québécoise pour l’innovation sociale : Facteurs de succès et recommandations

Le Réseau québécois en innovation sociale (RQIS) a rendu publique la Déclaration québécoise pour l'innovation sociale lors du 3e colloque international du CRISES.

C'est à la suite des travaux de la communauté d'intérêt sur l' innovation sociale que 12 facteurs clés de succès ont été identifiés pour faciliter l'émergence et la pérennisation de projets d'innovation sociale :

  1. Le déclencheur est la combinaison d'une problématique sociale non résolue, d'un contexte propice (crise, politique gouvernementale, etc.) à l'application d'une solution nouvelle et de la volonté d'acteurs d'œuvrer ensemble à la recherche d'une réponse à un problème bien défini.
  2. La solution est le fruit d'un travail collaboratif entre plusieurs acteurs de la société, souvent même des acteurs qui n'ont pas l'habitude de coopérer, car le problème à résoudre comporte de nombreuses dimensions.
  3. Le projet d'innovation combine les savoirs expérientiels, avec les savoirs scientifiques et techniques, et tient compte du contexte culturel particulier. La combinaison de ces savoirs variés conduit à la coproduction de nouvelles connaissances.
  4. Le projet a une visée transformatrice et vise un changement systémique.
  5. Les partenaires font preuve d'audace, ils acceptent l'incertitude inhérente à un projet d'innovation, la présence d'un « inconnu assumé ». Ils reconnaissent le risque et l'assument jusqu'au bout de la démarche.
  6. Un triple leadership est nécessaire à la réussite du projet : 1) le leadership individuel de ou des initiateurs du projet; 2) le leadership organisationnel qui se caractérise par l'appui des organisations impliquées à un processus novateur qui dépasse leurs pratiques habituelles; 3) le leadership collectif qui apparaît dans la communauté porteuse de la mise en œuvre du projet.
  7. L'engagement à long terme des bailleurs de fonds est un enjeu crucial.
  8. Le temps est une donnée fondamentale. Il faut du temps pour concevoir le projet, tisser des liens de confiance entre les partenaires et du temps pour le réaliser, puis encore du temps pour l'évaluer et assurer son rayonnement, sa diffusion, sa réplication, son appropriation par les communautés concernées afin d'assurer une transformation des pratiques.
  9. Le rayonnement du projet est essentiel à sa reconnaissance et, éventuellement, son institutionnalisation.
  10. Il faut savoir s'ajuster aux changements de contexte ou à l'évolution de l'environnement dans lequel agissent les partenaires.
  11. Le transfert, l'appropriation, la pérennisation du projet sont l'aboutissement nécessaire. Le projet doit avoir trouvé preneur auprès des personnes concernées et répondre aux besoins initialement identifiés.
  12. L'établissement d'un lien de confiance entre les acteurs, qui se traduit par l'adoption d'une gouvernance partagée, est le ciment du projet.

Ils ont aussi présenter 10 recommandations pour consolider le système québécois d'innovation sociale, le reconnaître, le structurer davantage et lui donner les moyens de se mettre au service du développement du Québec.

  1. Prendre des mesures pour renforcer le système québécois d'innovation sociale;
  2. Conserver l'expertise accumulée en assurant un soutien financier adéquat au Réseau québécois en innovation sociale (RQIS). Présentement, le RQIS est soutenu par l'Université du Québec (UQ) et le ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation (MDEIE);
  3. Maintenir et élargir la communauté d'intérêt en innovation sociale créée par le RQIS (ministères, institutions, municipalités, fondations) et la doter de moyens pour poursuivre son mandat;
  4. Créer une structure permanente et indépendante pour conseiller le gouvernement sur l'innovation sociale;
  5. Produire et tenir à jour un état de situtation de l'innovation sociale et de sa contribution au développement du Québec;
  6. Mettre en valeur les innovations sociales québécoises et les faire connaître ici et à l'extérieur du Québec;
  7. Développer une culture de l'innovation sociale;
  8. Créer les conditions d'expérimentation de l'innovation sociale au sein des institutions publiques et dans la société civile;
  9. Favoriser la création d'un écosystème de soutien à l'innovation sociale incluant des modalités de financement (public, philanthropique et privé), de formation, de recherche, de transfert de connaissance et d'évaluation;
  10. Réserver le dernier projet structurant prévu à la SQRI au domaine de l'innovation sociale;

Je vous invite à y devenir l'un des signataires de la déclaration ! (déjà près de 150 au moment de publier ce billet)

L’éducation du 21e siècle : Michel Serres, Sir Ken Robinson et Edgar Morin

C'est à travers la découverte du discours de Michel Serres sur les nouveaux défis de l'éducation intitulé Petite Poucette présenté et repris de belle façon par Martin Lessard que j'ai été m'instruire de sa pensée. Je trouve que la perspective lancée par Michel Serres représente bien l'homme de l'histoire des sciences, un visionnaire lucide de nos époques. Quelques extraits d'intérêts :

"Il ou elle n’a plus le même corps, la même espérance de vie, n’habite plus le même espace, ne communique plus de la même façon, ne perçoit plus le même monde extérieur, ne vit plus Séance solennelle « Les nouveaux défis de l’éducation » Mardi 1er mars 2011 dans la même nature ; né sous péridurale et de naissance programmée, ne redoute plus la même mort, sous soins palliatifs. N’ayant plus la même tête que celle de ses parents, il ou elle connaît autrement."

"Objectivé, certes, mais, de plus, distribué. Non concentré. Nous vivions dans un espace métrique, dis-je, référé à des centres, à des concentrations. Une école, une classe, un campus, un amphi, voilà des concentrations de personnes, étudiants et professeurs, de livres, en bibliothèques, très grande dit-on parfois, d’instruments dans les laboratoires… ce savoir, ces références, ces livres, ces dictionnaires… les voilà distribués partout et, en particulier, chez vous ; mieux, en tous les lieux où vous vous déplacez ; de là étant, vous pouvez toucher vos collègues, vos élèves, où qu’ils passent ; ils vous répondent aisément."

"Face à ces mutations, sans doute convient-il d’inventer d’inimaginables nouveautés, hors les cadres désuets qui formatent encore nos conduites et nos projets. Nos institutions luisent d’un éclat qui ressemble, aujourd’hui, à celui des constellations dont l’astrophysique nous apprit jadis qu’elles étaient mortes déjà depuis longtemps."

Il est un temps près de nous où les mutations seront révélés et vont chambouler dramatiquement radicalement nos sociétés.

 

Sir Ken Robinson

Dans une continuité des penseurs qui veulent nous faire initier un changement de vision, il y a aussi Sir Ken Robinson avec son discours sur le changement nécessaire du paradigme dans lequel nous éduquons nos enfants et les adultes à notre époque. Pour lui, nos institutions détruisent la créativité des citoyens.

Cette vidéo-présentation fait une démonstration éloquente de ce besoin essentiel et urgent de changer notre perspective et notre point de fuite comme société au niveau de l'éducation.

 

Edgar Morin

Finalement, je vous met en face de la vision éclairante, fascinante et déstabilisante de Edgar Morin publié dans le texte "Les sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur" de 1999 pour l'Unesco.

     

C'est un texte extrêmement porteur de sens pour l'avenir, notre avenir à tous. Ce long texte se lit et s'ingère disons difficilement. Non pas que le vocabulaire soit difficile, c'est plutôt la profondeur de la pensée qui en ressort qui nous force à lire et relire des paragraphes. Les titres des chapitres montrent bien l'ampleur de la pensée :

Il y a sept savoirs « fondamentaux » que l’éducation du futur devrait traiter dans toute société comme dans toute culture, sans exclusive ni rejet, selon modes et règles propres à chaque société et chaque culture.

Chapitre I – Les cécités de la connaissance : l’erreur et l’illusion
Chapitre II – Les principes d’une connaissance pertinente
Chapitre III – Enseigner la condition humaine
Chapitre IV – Enseigner l’identité terrienne
Chapitre V – Affronter les incertitudes
Chapitre VI – Enseigner la compréhension
Chapitre VII -L’éthique du genre humain

Il termine sa pensée avec ce texte qui pousse à agir immédiatement :

Alors que l’espèce humaine continue son aventure sous la menace de l’autodestruction, l’impératif est devenu : sauver I’Humanité en la réalisant.

Certes, la domination, l’oppression, la barbarie humaines demeurent et s’aggravent sur la planète. Il s’agit d’un problème anthropo-historique fondamental, auquel il n’y a pas de solution a priori, mais sur lequel il y a des améliorations possibles et que seul pourrait traiter le processus multidimensionnel qui tendrait à civiliser chacun de nous, nos sociétés, la Terre.

Seules et conjointement une politique de l’homme, une politique de civilisation, une réforme de pensée, I’anthropo-éthique, le véritable humanisme, la conscience de Terre-Patrie réduiraient l’ignominie dans le monde.

Encore pour longtemps l’épanouissement et la libre expression des individus constituent notre dessein éthique et politique pour la planète ; cela suppose à la fois le développement de la relation individu <-> société dans le sens démocratique et le développement de la relation individu <-> espèce dans le sens de la réalisation de I’Humanité ; c’est-à-dire que les individus demeurent intégrés dans le développement mutuel des termes de la triade individu <-> société <-> espèce. Nous n’avons pas les clefs qui ouvriraient les portes d’un avenir meilleur. Nous ne connaissons pas de chemin tracé. « El camino se hace al andar »la (Antonio Machado). Mais nous pouvons dégager nos finalités : la poursuite de I’hominisation en humanisation, via l’accession à la citoyenneté terrestre. Pour une communauté planétaire organisée : telle n’est-elle pas la mission d’une véritable Organisation des Nations Unies ?

Aussi, Edgar Morin nous offre, en 2011 un nouvel essai intitulé La voie. C'est une vision inspirante et grandiose des métamorphoses à venir dans notre humanité. Et c'est définitivement par l'éducation des citoyens-terriens que la nouvelle renaissance arrivera. Voici le quatrième de couverture du livre.

"Le vaisseau spatial Terre, continue à toute vitesse sa course dans un processus à trois visages : mondialisation, occidentalisation, développement.Tout est désormais interdépendant, mais tout est en même temps séparé. L’unification techno-économique du globe s’accompagne de conflits ethniques, religieux, politiques, de convulsions économiques, de la dégradation de la biosphère, de la crise des civilisations traditionnelles mais aussi de la modernité. Une multiplicité de crises sont ainsi enchevêtrées dans la grande crise de l'humanité, qui n'arrive pas à devenir l'humanité.Où nous conduit La Voie suivie ?Vers un progrès ininterrompu ? Nous ne pouvons plus le croire. La mort de la pieuvre totalitaire a réveillé la pieuvre des fanatismes religieux et stimulé celle du capitalisme financier. Elles enserrent de plus en plus le monde de leurs tentacules. La diminution de la pauvreté se fait non seulement dans un accroissement de bien-être matériel, mais également dans un énorme accroissement de misère.Allons-nous vers des catastrophes en chaîne ? C’est ce qui paraît probable si nous ne parvenons pas à changer de voie.Edgar Morin pose ici les jalons d’une « Voie » salutaire qui pourrait se dessiner par la conjonction de myriades de voies réformatrices et nous conduire à une métamorphose plus étonnante encore que celle qui a engendré les sociétés historiques à partir des sociétés archaïques de chasseurs-cueilleurs."

Et une courte vidéo de présentation :


La Voie d' Edgar Morin par Mediapart

Et voici une version en ligne de mars 2010 de son texte : La voie : Les 7 réformes pour le XXIè siècle.

Nous sommes tous des cyborgs maintenant – Anthropologie cybernétique

Amber Case propose une courte conférence sur l'anthropologie cybernétique ou numérique (Cyborg Anthropology) au TED.com.

Nous avons un deuxième nous (second self) que nous devons le maintenir en plus de notre vie analogue.

Mme Case a aussi publié une thèse de doctorat en 2007 fort intéressante : Cell Phones and their Technosocial Sites of Engagement. Il y a aussi une entrevue sur le site Web Technoccult forte intéressante : Cyborg anthropologist Amber Case.

C'est une anthropologie sociotechnique qui émerge à mon avis. Le site http://cyborganthropology.com se donne le mandat de faire le pont entre l'anthropologie traditionnel et numérique.

Cette vision cadre en partie avec celle de la révolution noétique de Marc Halévy.

Définition de la Noétique : (du grec ‘noûs’ : connaissance, esprit, intelligence) se concentre sur l’étude et le développement de toutes les formes de connaissance et de création qui engendrent et nourrissent la noosphère, cette ‘couche’ de savoirs et d’informations qui couvre toute la Terre de ses réseaux.

Une citation intéressante : « Je m’intéresse à l’avenir parce que c’est là que je vais passer le reste de ma vie » (Charles F. Kettering).

Très certainement, au Québec, le plus initié à la cyber-anthropologie et à l'e-ethnographie est Alexandre Enkerli.

Vers la consommation collaborative

Cette vidéo est de Rachel Botsman sur le cas de la consommation collaborative (The case for collaborative consumption) au TED.com. Elle présente les éléments clés qui permettront à nos sociétés de passer de l'hyperconsommation à la consommation collaborative. Une perceuse serait utilisé autour de 12-13 minutes de sa vie fonctionnelle ! Ce que nous avons besoin, ce n'est pas la perceuse, mais le trou !  Pourquoi ne pas la partager ? Plus d'information sur cette vision : http://www.collaborativeconsumption.com

Aussi cette vidéo-animation sur la consommation collaborative.

Collaborative Consumption Groundswell Video from rachel botsman on Vimeo.

Pour obtenir une telle structure, la confiance est certainement important à construire.

Aussi, les objets devront être produit dans une perspective de parc d'équipement évolutif, soit un objet durable, évolutif et vivant qui sort totalement du modèle d'affaires de l'obsolescence programmée. Cette durabilité des objets sera alors un critère de qualité et de valeur ajoutée.

Carte de la bataille de l’économie numérique (Internet)

Pour le prochain Web 2.0 Summit, nous avons droit à une cartographie vraiment intéressante présentée par Tim O'Reilly et John Battelle : Points of Control: The Battle for the Internet Economy.

Dans la vidéo de présentation de une heure, ils définissent et positionnent la nouvelle étape d'Internet après le Web 2.0 et les médias sociaux. C'est en gros l'intégration complète et réelle d'internet dans l'économie. Chacun des "joueurs" de cette "grande partie" vont se positionner et consolider leurs parts de marché. La mutation est concrète et ceux qui ne suivront pas l'évolution du mouvement seront soit intégrés ou exclus. C'est la mise en place pratique du Cluetrain Manifesto de 1999.

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