Maillage France-Québec : Labfab de Rennes (association BUG) et d’échofab (association Communautique)

Entre le 11 et 18 octobre 2015, j’étais à Rennes en France, avec une petite délégation du Québec de l’organisme Communautique (et son Fab Lab échoFab), pour participer à une semaine d’activités et d’échange avec le Labfab de Rennes et l’association BUG au même moment que  les journées des Opportunités digitales de Rennes. J’y étais à la fois à titre de membre du conseil d’administration de Communautique et à la fois comme chercheur doctorant en communication du Laboratoire de communautique appliquée de l’Université du Québec à Montréal (LCA UQAM) sur la valorisation des apprentissages et du développement des compétences dans un Fab Lab via des badges numériques.

Après une galère pour l’arrivée hier dimanche à Rennes (bagages perdus par Air France!, demi-marathon au centre-ville), nous avons entamé notre semaine d’activités (matin, midi et soir) sur plusieurs thématiques autour des Fab Labs (modèles d’affaires, compétences et badges numériques, villes et territoires, etc.).

Notre passage à Rennes coïncidait avec les Opportunités digitales de Rennes, un festival d’activités pour valoriser des projets numériques, autant au niveau commercial que social.

Voici donc les éléments les plus marquants de mon passage en Bretagne.

Jour 1 – Accueil, visite des lieux et modèle d’affaires

Le matin, nous avons été accueillis par l’équipe de l’association BUG qui œuvre dans les transformations sociales et numériques depuis près de 20 ans.

« Elle participe à l’émergence et à l’expérimentation d’organisations économiques et sociales alternatives. Elle accompagne également l’évolution des dispositifs de soutien du monde associatif et de l’économie sociale. L’association souhaite plus largement mettre son expertise et ses valeurs de créativité, d’innovation, de solidarité et d’humanisme, au service de l’utilité sociale. »

Nous avons eu l’occasion de faire une visite des installations de la Maison des associations-Citédia de Rennes.

Par la suite, nous avons eu une discussion avec l’équipe de l’association BUG qui nous a présenté l’ensemble de leur activités et une partie de leur modèle d’affaires.

Jour 2 – Modèle économique des Fab Lab et présentation des badges numériques

En matinée, nous avons poursuivi nos discussions sur les modèles d’affaires des Fab Labs et de l’impression 3D. Le Lab Fab de Rennes a présenté plusieurs projets avec, entre autres, des approches éducatives pour les enfants, les familles, l’apprentissage du code sur des objets connectés et les jeux (Minecraft). Nous avons fait le parallèle avec le développement du modèle d’affaires de Communautique et de son Fab Lab avec le découpage d’une année d’activité par une centaine de journées éducatives (sensibilisation carrière science et technologie, intégration sociale).

En après-midi, j’ai présenté les badges numériques comme outils de valorisation des apprentissages non formels dans un Fab Lab. Voici la présentation :

L’équipe de l’association BUG et du LabFab ont trouvé l’idée intéressante. Il y aura de suite à cette rencontre pour proposer de créer un référentiel de compétences.

Jour 3 – Silver Economy et handicap

L’équipe de Communautique a présenté 2 ans de ses travaux sur le la silver economy, soit les personnes âgées. En tant que Living Lab, c’est à travers des rencontres avec les projets Miriade en Normandie et le living lab Silver Normandie, que l’équipe de Communautique a exploré l’idée et lancé un chantier appelé Matière grise (aussi ici). Plusieurs projets à venir comme des résidences intergénérationnelles, des ateliers de création d’objets innovants (prototypage).

Jour 4 – Fab Lab et ville intelligente et numérique de Rennes

Présentation des travaux et activités de l’association BUG et du Labfab de Rennes dans le contexte des Fab labs et des Espace public numérique (EPN). Pour eux, les facteurs d’attractivité des quartiers passent par ce nouveau genre d’espace qui permettent la réappropriation de la ville par les habitants. Ça permet la coconstruction et le design de la ville. Selon Richard De Logu, directeur de l’association BUG, « le Fab Lab est l’équipement de proximité du futur« . Le concept du Lab étendu (fabcity) permet d’adresser des défis concerts et de passer du bricolage aux expérimentations. Ils nous ont parlé du projet de Capteur citoyen de Rennes. (www.citoyenscapteurs.net)

Jour 5 – Wiki sémantique et réseau de Fab Labs

Guillaume Coulombe, de Procédurable et de Fab Labs Québec, à présenté l’utilisation des wikis sémantiques pour la documentation ouverte des projets. Les forces des bases des connaissances avec des wikis sont qu’ils permettent de mieux documenter des projets, des architectures de projet et de diminuer la complexité de la gestion des connaissances. Ils permettent aussi de baisser les coûts de transaction informationnelle. L’utilisation des wiki dans améliorent les compétences au niveau de la sécurité, de la documentation des équipements, des opérations, des produits, et des procédures. Permets des suivis d’incidents et au final de créer de la confiance.

Le 6e jour, nous avons eu l’occasion de faire un peu de tourisme dans la région, soit de voir St-Malo, de manger à Cancale des huîtres incroyables et de visiter le Mont-Saint-Michel. J’aime la Bretagne!

Mon bilan est que nous avons des réalités assez similaires au niveau de nos activités, de nos besoins financiers et de notre légitimité dans nos villes et territoires respectifs. Ce maillage est très bénéfique pour la poursuite de nos activités et l’avancement du mouvement des Fab Labs dans la francophonie et dans le monde. Il y aura très certainement des projets conjoints dans un futur proche.

How do we use and optimize Fab Lab – Montreal MCPC 2015

FabLab-Geoffroi-Garon-MCPC2015

La semaine dernière avait lieu The World Conference on Mass Customization, Personalization, and Co-Creation (Montreal MCPM 2015) géré cette année par l’École des sciences de la gestion de l’UQAM (ESG UQAM).

Voici la description : MCPC has, since 2001, been the definitive conference on Mass Customization, Personalization, and Co-Creation. It engages academics, business leaders and consultants in a combination of plenary presentations, discussion panels, and paper presentations devoted to sharing and discussing the latest developments in the field.

MCPC has a strong focus on real life applications and how to manage complexity with, since its inception, an equal share of participants coming from practice and academia. This approach makes MCPC truly unique in its quest to connect MCPC thought leaders, entrepreneurs, technology developers, and researchers with people applying these strategies in practice. This year’s anchor conferences feature Ubisoft, Merchlar, Bombardier, and Cirque du Soleil.

More than 200 academics/researchers, entrepreneurs and experts will meet in Montreal on October 20th to 22nd and report on their latest results on Mass Customization, Personalization, and Co-creation. Through numerous workshops and discussions, participants will exchange on a variety of topics such as « Managing complexity in MC », « Co-creation and open innovation », « Manufacturing systems, 3D Printing », etc.

J’ai présenté une conférence/atelier sur ce que sont les Fab Labs et comment en être un reconnu par le MIT.

Plusieurs autres conférences intéressantes, dont celle du Cirque du Soleil sur le C:LAB avec Valérie Lamontagne.

CLab-Cirque-du-Soleil-Valerie-Lamontagne-MCPC2015

Un des projets présentés était SPARKED: A Live Interaction Between Humans and Quadcopters avec des drones.

Et aussi celle de Christophe Billebaud de UMVELT ( How to implement living lab and research concept) qui a présenté la méthodologie Living Lab pour soutenir des projets d’innovation ouverte.

Christophe-Billebaud-UMVELT-LivingLab-octobre2015

Archive de la conversation : #MCPC2015 et le programme complet.

L’usage des badges numériques dans le monde académique, en milieu de travail et dans la société

Depuis un an, je m’intéresse au phénomène des badges numériques. J’ai eu l’opportunité de publier deux articles sur le sujet dans le bulletin de septembre 2015 de l’Observatoire compétences-emplois de l’UQAM.

Dans le premier article Les badges numériques et la révolution de l’apprentissage, j’ai présenté l’origine, l’utilité et le fonctionnement des badges numériques.

Voici le deuxième article en version intégrale

Depuis quelques années, les badges numériques ont le vent dans les voiles dans l’univers de la reconnaissance de l’apprentissage et des compétences. Les badges numériques sont des représentations visuelles en ligne, utilisés pour motiver les apprenants et reconnaitre les apprentissages ou valider et certifier des compétences en situation d’apprentissage formel, informel ou non formel. Dans cet article nous présentons les usages des badges numériques dans les trois mondes de l’apprentissage tout au long de la vie que sont l’école, le travail et la société.

Le monde académique

Le phénomène des badges numériques amène les établissements du monde académique à revoir leur manière de faire au niveau pédagogique (pour la motivation), technologique (pour suivre la progression des élèves) et organisationnel pour repositionner le rôle de l’école dans la communauté. Les expérimentations pullulent. En voici des exemples.

Les écoles

Les écoles primaires et secondaires utilisent les badges comme outils d’accompagnement et de motivation des élèves. Elles s’en servent aussi pour personnaliser l’apprentissage, faciliter la gestion de classe et soutenir des approches pédagogiques par compétences ou par projets.

En Angleterre, Makewav.es met à la disposition des élèves et des enseignants un réseau social sécuritaire. Il s’agit d’une plateforme Web qui offre des espaces de création d’activités pédagogiques permettant l’utilisation de badges numériques comme outils de valorisation des apprentissages. Plus de 65 000 étudiants et 10 000 enseignants utilisent Makewaves sur une base régulière. Il y a aussi des partenaires externes qui peuvent développer des projets spéciaux. Le projet SAFE sur l’acquisition de comportements sécuritaires sur Internet en est un exemple.

Au Québec, l’entreprise Scolab a développé la plateforme francophone Netmaths, un outil d’aide au devoir qui permet aux élèves de pratiquer et de développer leurs compétences en mathématiques de façon autonome. Netmaths est utilisé par plus de 325 000 élèves et des milliers d’enseignants québécois. Elle offre une banque de plus de 10 000 situations d’exercices supportées par des badges de connaissance comprenant plusieurs niveaux, des badges de compétences transversales (communication, coopération, pensée créatrice) et des badges d’accomplissement selon le nombre de missions effectuées. Précisons que Scolab est un précurseur dans l’utilisation du format standard de badge ouvert (Open badge) de Mozilla. Depuis, l’entreprise a percé le marché américain avec le même service sous le nom de Buzzmath.

Un autre exemple québécois, Classcraft, une plateforme de jeu de rôle pour accompagner l’apprentissage en classe. Les élèves incarnent un personnage fictif d’inspiration médiéval (guérisseur, mage ou guerrier) ayant des pouvoirs spécifiques et ils doivent accomplir des tâches en classe pour recevoir des points en solo ou en équipe. Le projet a été créé par un enseignant de physique qui cherchait un moyen pour stimuler les interactions en classe tout en augmentant le niveau de la collaboration entre les élèves. La plateforme permet d’améliorer la motivation, les performances académiques et les savoir-être comme la collaboration, l’empathie et le leadership tout en soutenant la gestion de classe. En juillet 2014, plus de 7 000 enseignants provenant de 50 pays avaient adopté cette plateforme.

Les collèges et les universités

Les diplômes traditionnels vont demeurer essentiels au processus d’évaluation et de certification, mais ils seront bonifiés par les badges numériques. Les badges deviennent complémentaires au format traditionnel des programmes et des cours (cocurriculum) en permettant d’augmenter la reconnaissance d’apprentissages et de compétences réalisés lors d’activités connexes, en classe et à l’extérieur. Voici d’autres exemples d’utilisations : protéger l’intégrité et la réputation des certifications émises par les institutions en resserrant la gestion de l’identité des diplômés; permettre aux étudiants de choisir plus efficacement les programmes et les cours en lien avec leurs intérêts et les besoins du monde du travail; offrir aux étudiants un environnement de gestion de carrière et de formation continue tout au long de leur vie. Plusieurs universités ont entamé des projets d’implantation de système de badges. Voici quelques exemples.

Aux États-Unis, l’Université Purdue a été la première à développer un système d’apprentissage qui intègre les badges numériques. Ce système offre un environnement complet d’accompagnement aux professeurs pour la création de contenus et l’utilisation d’une plateforme techno-pédagogique. Les badges numériques permettent aux professeurs de mieux suivre la progression des étudiants et à ceux-ci, de mieux voir leur parcours d’apprentissage.

L’Université Davis California a testé un système de badges dans un programme sur l’agriculture durable et les systèmes alimentaires. Les badges ont été utilisés pour favoriser le développement de compétences essentielles telles que la pensée systémique, les méthodologies d’expérimentation, la compréhension des valeurs et la communication interpersonnelle.

D’autres universités ailleurs dans le monde ont expérimenté les badges numériques tels que l’UniversitéBeuth en Allemagne avec ProfilPass, un système de reconnaissance des acquis et des compétences destinés aux étudiants étrangers. Ils ont aussi développé une version de ProfilPass pour les 12-18 ans permettant l’accompagnement et l’orientation de carrière pour les jeunes.

Plus près de nous, au Canada, l’Université de Colombie-Britannique a été une des premières à expérimenter l’utilisation de badges numériques en déployant trois projets pilotes en droit et jeux vidéo, en éducation et en compétences numériques. Depuis, ils ont documenté leur processus de création de badges numériques, autant sur les volets organisationnel, pédagogique que celui du design.

Au Québec, le Cegep à distance a exploré la création d’un cours de biologie en mode MOOC en y ajoutant des badges numériques qui balisent le parcours d’apprentissage. Ils poursuivent l’expérience, en 2015, avec un cours portant sur la gestion des finances personnelles.

Le milieu du travail

Pour l’entreprise, les badges numériques viennent en support à la fonction RH comme outil de gestion des talents et du capital humain. Pour les travailleurs, les badges numériques offrent la possibilité de maîtriser leur parcours professionnel et de communiquer leurs compétences. Ils permettent aussi à ceux qui obtiennent une certification d’acquisition de compétences, de la communiquer à l’interne, sur leur propre site Web, sur les réseaux sociaux professionnels (comme LinkedIn) et à travers les médias sociaux (comme Facebook, Twitter, etc.).

Le recrutement

Pour jauger de la pertinence des candidatures pour un poste donné, les responsables RH avaient à leur disposition, jusqu’à récemment, que le curriculum vitae accompagné de références « disponibles sur demande » qu’il leur fallait contacter pour obtenir des informations sur les compétences des candidats. Les badges numériques simplifient et enrichissent cette opération en permettant aux recruteurs, internes et de plus en plus externes, de prendre connaissance et de valider plus rapidement les compétences des candidats. Dans un avenir rapproché, ils permettront de filtrer les candidats sur des compétences plus difficiles à vérifier, comme le leadership, la communication, la collaboration, soit les savoir-être (Soft skill). Par exemple, obtenir un badge numérique sur la compétence de « leadership » décerné par un centre de formation professionnelle avec des preuves en ligne permettrait de sélectionner plus efficacement les bons candidats pour la poursuite du processus d’embauche avec les entrevues, les tests psychométriques et les simulations.

La formation et le développement professionnels

Les badges numériques permettent de rendre les parcours de formation visibles dans l’entreprise et d’accompagner les employés dans leurs choix de spécialisation. C’est aussi un outil d’évaluation des compétences manquantes du personnel. Voyons quelques exemples.

IBM offre un exemple éloquent avec son programme de badges numériques, l’entreprise permet auxtravailleurs du secteur des technologies de l’information (TI) de se former, d’obtenir des certifications et de les diffuser sur les médias sociaux. Pour ce faire, IBM s’est associé à des partenaires de contenu comme Bigdata Universiy qui offrent des formations spécialisées dans le domaine. Pour IBM, c’est une manière de développer les compétences de ses employés, mais c’est aussi l’occasion d’identifier et d’attirer les meilleurs talents.

Dale Carnegie Training entreprise internationale de formation à distance des travailleurs, a transformé l’ensemble de ses formations continues en y ajoutant des badges numériques. Le contenu de leurs formations est aligné sur les standards de plusieurs secteurs d’activités et professions (la norme PMI pour la gestion de projet par exemple). De plus, ils ont regroupé des compétences en « kit » via des formations plus longues et les badges facilitent la compréhension et la communication de ceux-ci. Par exemple, la formation Time management d’une durée de 12h permet d’obtenir trois badges, soit : Cool Headed, Leader et Organized Professionnal.

Le National Retail Federation aux États-Unis a remplacé les certificats de formation et de compétences en format papier ou PDF par des badges numériques. Il est plus facile de valider l’authenticité de la certification puisque l’information est cryptée pour chaque apprenant sur le site Web officiel de l’organisation.

Plus près de nous au Québec, l’initiative du CADRE 21 (Centre d’animation, de développement et de recherche en éducation pour le 21e siècle) développe entre autres une plateforme de formation continue pour les enseignants. La plateforme permettra d’accompagner et de certifier l’acquisition de connaissances et le développement de compétences sur différents volets du rôle professionnel des enseignants avec un système de badges numériques. Trois niveaux de badges seront disponibles (explorer, expérimenter, intégrer) sur les compétences TIC (intégration technopédagogique), la gestion de classe (différenciation, troubles d’apprentissage) et les stratégies pédagogiques (classe inversée, ludification, etc.).

La mobilisation des employés

Les badges numériques sont aussi utilisés dans les réseaux sociaux d’entreprises (social business) pour motiver et mobiliser les employés. La plateforme de Herd Wisdom une entreprise québécoise, offre un bel exemple de cet usage. Grâce à des fonctionnalités ludiques – par exemple, il est possible pour un travailleur de participer à des concours internes, de collaborer à résoudre des problèmes et de faire du maillage plus social selon ses intérêts – l’entreprise souhaite hausser la productivité, stimuler la créativité et l’innovation et diminuer le taux de roulement des employés.

La société

Les apprentissages sont partout possibles, ailleurs que dans le monde académique et celui du travail. Le plus souvent, ils sont de l’ordre du non-formel et de l’informel. L’apport des badges numériques est ici de mettre en valeur et de rendre visibles les compétences acquises lors, par exemple, d’activités de bénévolat et d’éducation populaire. Ils contribuent ainsi à donner un sens et une valeur d’échange réelle à ce que l’on apprend tout au long de la vie.

Parmi les nombreux exemples d’organismes en éducation populaire, le mouvement des scouts à travers le monde fait figure de pionnier dans l’utilisation d’un système de badges sur leur vêtement pour reconnaître l’acquisition de compétences et d’accomplissements comme « premier soins, natation, pêche, camping, etc. ». Avec plus de 100 ans d’histoire et d’expérience, ils ont su s’adapter aux nouvelles compétences du 21e siècle avec des badges sur les « technologies numériques » et sur la « robotique » . Dans les deux cas, les exigences et critères sont impressionnants pour obtenir les badges. Les scouts des États-Unis ont annoncé en 2015 qu’ils allaient transposer les badges en tissus dans un format de badges numériques dans un avenir proche.

Les villes apprenantes

Selon la Déclaration de Pékin sur la création des villes apprenantes par l’UNESCO en 2013 une ville apprenante mobilise les ressources humaines et autres pour promouvoir un apprentissage intégrateur de l’éducation de base à l’enseignement supérieur; elle ravive l’apprentissage au sein des familles et des communautés; elle facilite l’apprentissage pour l’emploi et au travail; elle étend l’usage des techniques modernes d’apprentissage; elle accroît la qualité de l’apprentissage; et elle favorise une culture de l’apprentissage tout au long de la vie.

Aux États-Unis, le mouvement des badges numériques a investi l’univers des villes apprenantes via le programme Cities of learning qui a pour objectif de transformer les villes en véritables réseaux d’apprentissage et en campus à ciel ouvert. Le concept est simple : tous les organismes qui offrent des opportunités d’apprentissage sont répertoriés sur une plateforme où les citoyens peuvent choisir des activités selon leurs intérêts. Ils cumulent ainsi des badges numériques qui rendent visibles leurs apprentissages et leurs réussites.

La ville de Chicago, avec son projet Chicago City of learning est la première ville à avoir fait l’expérience de cette approche innovante. Aujourd’hui, leur plateforme répertorie plus de 2 500 activités classées par sujet dans le domaine des arts, de la science, des médias, du sport, de l’informatique, etc.

Les espaces d’innovation

Depuis près de 10 ans, de nouveaux espaces d’innovation et d’expérimentation se développent. Les laboratoires d’innovation ouverte et de design collaboratif (Living Lab) et les espaces de fabrication numérique (MakerSpace, Fab Lab) comme l’impression 3D, la découpe laser et la robotique sont des exemples. Au Québec, l’espace échoFab de l’organisme Communautique, est le premier Fab Lab reconnu par le MIT au Canada. Il innove avec des projets de recherche et d’expérimentation sur l’acquisition des compétences du 21e siècle via des activités et des formations. Les badges numériques peuvent contribuer à la valorisation des compétences comme la pensée design (design thinking), le prototypage et la collaboration dans le codesign de solutions.

Formation en ligne nouvelle génération

Les technologies du Web (partage de vidéos, vidéoconférences, réseaux sociaux) et celles de la mobilité (téléphone intelligent, tablette) ont permis l’émergence de nouveaux moyens de formation. Les badges numériques y sont utilisés pour reconnaître la participation à ces formations. L’exemple des MOOC (cours en ligne gratuits et ouverts) offerts par d’éminents professeurs ou par des experts est le plus connu.

L’organisation Mozilla a créé Webmaker, un programme de formation en ligne qui permet de développer les 15 compétences de la littératie Web nécessaires pour lire, écrire et échanger sur le Web. L’objectif de Mozilla est de rendre l’univers du Web plus ouvert et mieux maîtrisé par tous les citoyens. Webmaker utilise un système de badges numériques pour reconnaitre l’apprentissage des compétences Web. Le programme offre aussi des badges pour ceux qui veulent devenir formateurs Web. Par exemple, le badge « Teaching Kit Remixer » est octroyé aux personnes qui ont utilisé, adapté et redistribué les outils d’enseignement de Webmaker.

La plateforme Wixx de l’organisme Québec en forme vise à motiver les jeunes à bouger et à faire de l’activité physique. Ils utilisent un système de badges numériques qui permet de cumuler des points, de participer à des tirages et d’obtenir des prix. Les jeunes peuvent récolter plus de 90 badges, soit par des missions ou en participant à des événements. Pour les obtenir, ils doivent déposer une preuve d’accomplissement au moyen de photos et de vidéos affichées sur leur profil. Par exemple, un jeune qui fait la mission d’apprendre à faire des acrobaties avec une trottinette freestyle dans un skateparkdoit s’exercer, se filmer et partager la vidéo comme preuve d’accomplissement pour obtenir le badge.

Khan Academy une organisation à but non lucratif a développé une plateforme d’apprentissage gratuite pour tous. En 2006, M. Khan, professeur américain, a utilisé YouTube pour offrir des capsules pédagogiques sur des notions de mathématiques. Depuis ce temps, plusieurs autres disciplines (science, informatique) sont disponibles sur la plateforme, et cela dans plusieurs langues. Un système de badges numériques y est utilisé pour motiver et suivre la progression des apprenants. La plateforme s’adresse plus spécifiquement aux jeunes, de la maternelle au secondaire, mais les parents peuvent aussi se créer un profil, faire les exercices et se connecter avec leurs enfants.

Plus récemment, Duolingo une entreprise née en 2012, offre un service gratuit d’apprentissage des langues via une application mobile. Elle compte aujourd’hui plus de 100 millions d’utilisateurs. Elle utilise un système de badges numériques pour motiver les apprenants, donner à voir la progression des apprentissages et confirmer l’obtention des compétences acquises. En 2014, ils ont lancé le service Duolingo Test Center, un service rapide de certification à distance avec des procédures d’authentification sécuritaires, en corrélation avec les standards, pour un coût modique (20$ au lieu de 200$). Selon une étude indépendante, l’utilisation de 34 heures (en moyenne) de la plateforme Duolingo serait l’équivalent d’un semestre d’apprentissage d’une langue (cours traditionnel de 45 heures). Rapport Duolingo Effectiveness Study.

Même la reconnaissance d’apprentissages par les pairs via des badges numériques est envisageable à travers des plateformes en ligne comme le permet le service de maillage entre apprenants de l’entreprise e-180 de Montréal. Sur cette plateforme, une personne affiche ce qu’elle veut transmettre comme connaissance et ce qu’elle cherche à apprendre. Par la suite, les personnes peuvent entrer en relation en consultant la banque d’offres et de demandes. Par exemple apprendre à jouer de la guitare, créer son site Web, voyager en Europe à peu de frais, tondre son chien, etc. Les deux personnes se fixent alors un rendez-vous pour une rencontre d’une heure de partage et d’apprentissage entre pairs.

Les badges numériques comme outils de reconnaissance des apprentissages tout au long de la vie concrétisent les utopies des penseurs du 20e siècle sur l’éducation, l’apprentissage et l’accès à la connaissance. Pensons aux arbres de connaissances et à l’intelligence collective de Pierre Lévy, à l’homme symbiotique de Joël de Rosnay, à Cyberespace et communautique de Pierre-Léonard Harvey; ces penseurs visionnaires ont anticipé le XXIe siècle et ceux et celles qui les ont lu dans les années 90 pouvaient difficilement imaginer comment ces rêves généreux prendraient forme.

L’article sur le site de l’observatoire : L’usage des badges numériques dans le monde académique, en milieu de travail et dans la société

Les badges numériques et la révolution de l’apprentissage

Depuis un an, je m’intéresse au phénomène des badges numériques. J’ai eu l’opportunité de publier deux articles sur le sujet dans le bulletin de septembre 2015 de l’Observatoire compétences-emplois de l’UQAM.

Voici l’article en version intégrale

Avec l’arrivée de l’ère numérique et d’internet, la possibilité d’apprendre et de développer des compétences est quasi sans limites. Nous apprenons partout et en tout temps, hors ligne, en ligne, avec les nouvelles technologies et les nouveaux médias. Dans ce contexte, les apprentissages informels et non formels deviennent tout aussi importants que les apprentissages formels du siècle dernier. Comment, dès lors, accompagner et supporter les nouvelles opportunités d’apprentissage ? Comment les mettre en valeur? Comment en assurer la qualité ? C’est là un défi du 21e siècle. Parmi les solutions proposées, les badges numériques (Digital Badge) ont le vent dans les voiles.

Dans cet article, nous présentons les badges numériques. Un second article est consacré à leur usage dans les trois mondes de l’apprentissage tout au long de la vie : l’école, le travail et la société.

Quelques mots sur l’origine

Les badges existent depuis longtemps dans le monde militaire, le mouvement des scouts et le monde du sport. En format numérique, ils sont plus récents. Ils prennent leur essor en 2011 au moment où Mozilla lance l’initiative Open Badge Infrastructure (OBI), un standard technologique pour faciliter l’octroi et le partage des compétences sur le web. Entre 2012 et 2014, les Fondations MacArthur et Gates de même que l’organisme HASTAC ont financé 30 projets d’expérimentation de badges numériques. Depuis 2014, le mouvement des badges numériques est appuyé par le Badge Alliance, une communauté d’intérêts supportée par les Fondations Mozilla et MacArthur. Depuis plus d’un an, ces deux fondations ont créé des comités de travail sur l’implantation des badges numériques. Depuis, la communauté ne cesse de s’agrandir et d’autres joueurs se lancent dans la promotion et l’utilisation du format Openbadges et ce, dans différents secteurs d’activités et types d’organisations. Bien que les États-Unis et l’Angleterre soient en nettement en avance, le mouvement est international et nous pouvons suivre le développement des initiatives sur la carte interactive Badge the world.

Ce que sont les badges numériques

Badge-numerique-Geoffroi-Garon-OCE-UQAM

Les badges numériques sont des représentations visuelles, en ligne, d’apprentissages réalisés ou de compétences acquises. Sur le plan technique, ce sont des images ou des pages web qui encapsulent de l’information relative à l’obtention d’une reconnaissance selon des critères et une preuve.

Du point de vue de celui qui les émet, il est possible de distinguer deux grands usages : d’une part,motiver les apprenants et reconnaître les apprentissages; d’autre part, valider et certifier les compétences. Pour la motivation des apprenants, il est intéressant de constater que les badges numériques s’inscrivent directement dans le mouvement de l’apprentissage ludique (gamification) grandement inspirédes jeux vidéo et des jeux sérieux.

Du point de vue de celui qui les reçoit, les badges numériques permettent de s’approprier son parcours d’apprentissage, de le visualiser, de l’organiser, de lui donner un sens, pour le communiquer et le partager. Les badges numériques sont des marqueurs sociaux qui donnent de la visibilité aux parcours d’apprentissage et aux compétences acquises et qui en gardent la trace.

Avec les badges numériques, il est désormais possible de valider et certifier des compétences acquises au travail, dans la vie personnelle ou sociale. C’est là un apport majeur considérant que l’on cherche depuis une trentaine d’années un tel dispositif.

En contexte scolaire ou académique, ils sont aussi très utiles puisqu’ils permettent de façonner et de morceler des contenus pédagogiques pour offrir des parcours d’apprentissage personnalisés. Par exemple, un programme de formation dans le domaine culinaire pourrait présenter et certifier des cours de spécialisation tels que cuisine asiatique, technique de cuisson sur grill, gâteaux de mariage via des badges numériques. De plus, ils peuvent faciliter l’intégration sociale et professionnelle des jeunes décrocheurs en permettant de valoriser les accomplissements au fur et à mesure de leur apprentissage et non seulement à la fin d’un parcours.

Comment ça fonctionne ?

Pour mettre en place un système de badges numériques efficace, il faut trois acteurs : un octroyeur (émetteur), celui qui créé et attribue le badge, un récipiendaire (récepteur), celui qui reçoit le badge – il peut s’agir d’un apprenant ou d’une organisation – et un appréciateur (client), celui qui reconnaît la valeur du badge. Ce système est représenté par un triangle dit « écosystème de confiance.

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Les travaux sur les badges numériques de GNT-Québec (Groupe de travail québécois sur les normes et standards en TI pour l’apprentissage, l’éducation et la formation) ont mis en évidence l’importance d’analyser et de concevoir les systèmes de badges en considérant ces éléments.

Un système de badge numérique est composé d’un volet administratif et d’un volet utilisateur. Le volet administratif permet de créer des badges, de les octroyer, d’en faire une gestion efficace et de les valoriser. Le volet utilisateur se présente comme un portfolio dans lequel les apprenants récoltent, gèrent et classent leurs badges numériques et surtout les affichent pour les communiquer et les partager (médias sociaux, site Web, etc.).

Sur le plan technologique, un badge numérique est une page web unique octroyée à un apprenant via une clé de sécurité. Il est ainsi impossible de dupliquer un badge. L’élément visuel du badge est une image (en format PNG) qui contient de l’information spécifique via des métadonnées. Les métadonnées sont les suivantes : nom du badge, description, émetteur, critères d’obtention, preuves, date d’émission et de validité, mots-clés et contexte. Le badge numérique tire sa force du fait qu’il contient la preuve de l’atteinte des critères d’évaluation de l’apprentissage réalisé ou de la compétence acquise. La norme Open Badges de Mozilla créé en 2011 permet à l’apprenant de conserver son badge puisque la structure et le standard des données garantissent la sécurité, le transfert vers d’autres plateformes et la pérennité de celles-ci dans le temps.

Ces dernières années, il y a quelques plateformes et systèmes de badges disponibles. Entre autresBackPack de Mozilla, Credly, OpenBadgeFactory et Open Badge PassportBadgeOS avec WordPress, Badgelist et Badgr. Parmi ceux-ci, certains offrent les volets administratifs et utilisateurs sur la même plateforme. Plusieurs offrent des forfaits d’utilisation à la carte ou une intégration complète. Il existe aussi plusieurs plateformes de gestion de cours (Learning Management System)qui intègrent les badges numériques soient: Moodle, Totara, Coursesite (Blackbaord), Canvas, Edx et d’autres qui s’ajoutent de façon progressive.

L’article sur le site de l’observatoire : Les badges numériques et la révolution de l’apprentissage

Impression 3D : un éléphant dans un Fab Lab

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C’est aujourd’hui que j’ai réalisé mon premier objet sur une imprimante 3D dans un Fab Lab!

Étant administrateur de Communautique depuis peu, je me devais de venir expérimenter l’utilisation d’une imprimante 3D dans échoFab, premier Fab Lab au Québec reconnu par le MIT dans le Quartier de l’innovation de Montréal, et projet porteur du Living Lab de Communautique.

Voici la séquence de réalisation du projet :

1. Chercher un modèle sur le site de partage d’objets 3D Thingiverse.

2. J’ai choisi et téléchargé le modèle Elephant de LeFabShop.

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3. J’ai ouvert le fichier format STL dans le logiciel libre CURA.

4. J’ai édité les configurations et les conditions d’impressions (dimension, qualité, vitesse, densité)

5. J’ai exporté le fichier en format GCode pour que la Ditto Pro 3D Printer puisse l’utiliser.

6. C’est parti pour une impression de 2 h 07 minutes pour un poids de 19 grammes.

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Et voilà, pour 9,50$ (0,50$ par gramme de plastique PLA), j’ai mon éléphant articulé en un morceau !

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Merci à Mathieu pour l’accompagnement et échoFab pour l’extraordinaire opportunité d’expérimenter et développer les compétences du 21e siècle.