Proposition Coopérathon 2017 – Badges numériques pour devenir une espèce multiplanétaire

Cette année, je propose un projet comme entrepreneur pour le Coopétathon 2017 organisé par Desjardins.

Voici ma vision pour le moment afin de recruter une équipe talentueuse.

Les badges numériques pour devenir une espèce multiplanétaire.

Le contexte

Elon Musk va aller sur Mars très bientôt.

La course est bien lancée et SpaceX casse les prix.

(présentation 2016 – début à la minute 21:00)

Aussi – Des humains sur Mars en 2024 avec SpaceX – Mise à jour de Elon Musk – 29 septembre 2017

Deux scénarios dès que l’homme pose son pied sur Mars avant 2025 : 1) nous découvrons qu’il est possible de terraformer la planète pour y vivre en colonie et l’aventure commence, 2) nous prenons conscience que notre petite planète bleue est fragile et qu’il faut unir nos forces comme Humanité pour s’occuper de notre planète-mère. Qu’il faut se transformer pour que le climat soit harmonieux et que tous puissent contribuer et jouer un rôle dans l’aventure.

Le problème

Nous ne sommes pas du tout préparés pour les deux scénarios. Aller dans l’espace est très exigeant, s’adapter aux changements climatiques encore plus. Les défis sont multiples, comme la robotisation du travail, la rareté des ressources, la concentration de la richesse, les inégalités sociales, et ils sont un frein à l’innovation de l’humanité.

« Rien ne garantit que l’humanité dépasse cette nouvelle frontière d’être une espèce multiplanétaire » Elon Musk

Le monde de l’éducation et nos structures linéaires et en silos de l’apprentissage ne permettent pas de développer adéquatement les compétences et les savoir-être pour accomplir les tâches titanesques devant nous. En fait, nous ne savons pas ce que les gens savent faire ou veulent faire, encore moins ce qu’il sera nécessaire de faire dans le futur.

L’enjeu

Puisque la rapidité de l’innovation technologique, des pratiques et des relations sociales est évidente, il faut construire des écosystèmes d’apprentissage qui permettent d’interconnecter les acteurs (académique, travail, social) pour développer des parcours d’apprentissages cohérents.

Pour ce faire, il faut innover radicalement dans la manière de penser les compétences, les rôles et les modes de gouvernance entre les acteurs (public, privé, citoyen). Aussi, nous avons l’opportunité d’être connectés entre nous via Internet comme jamais auparavant, travaillons ensemble.

La solution

Il faut utiliser la technologie des badges numériques pour capter, numériser, valider et communiquer l’ensemble des compétences et des expériences. Il faut les développer en respectant le standard Open Badges pour que les métadonnées soient ouvertes et liées (LOD). Les systèmes de badges numériques permettent de gérer, cartographier et de connecter les apprentissages vers le monde du travail.

Depuis plus de 2 ans, je travaille comme entrepreneur et chercheur sur l’univers des badges numériques. Voici une courte vidéo de présentation des badges numériques.

Pour voir plus d’exemples d’usages des badges numériques : www.badgenumerique.com.

 

L’innovation lors du Coopérathon

Pour accélérer l’innovation et l’adoption des badges numériques, il faut développer des solutions en intelligence artificielle pour automatiser les parcours d’apprentissages interorganisation et intercontexte, pour la détection des acteurs-clés des filières industrielles, pour soutenir la pédagogie active et personnaliser l’apprentissage.

Le standard Open Pathways est en développement via le projet Badgr et adresse cet enjeu majeur d’interconnecter des parcours d’apprentissages et des rôles (emplois). Voici une vidéo de Wayne Skipper, CEO de ConcentricSky, qui explique les usages de ce nouveau standard.

 

Ainsi, lors de ce coopérathon 2017, j’aimerais créer un prototype d’application avec de l’intelligence artificielle pour d’un côté tester la découverte des profils avec des sources variés (médias sociaux, bases de données), proposer des personas et des parcours d’apprentissages, et de l’autre, identifier les acteurs d’une filière industrielle les plus pertinents pour implanter les badges numériques et les accompagner dans leur interconnexion.

 

Équipe PHENIX

Bienvenue dans l’aventure de l’équipe Phenix sur la plateforme Agorize.

Des solutions en intelligence artificielle pour automatiser les parcours d’apprentissages, certifier les compétences et reconnaître les expériences et interconnecter les acteurs des écosystèmes pour devenir une espèce multiplanétaire.

Nous cherchons des passionnées, des experts et des programmeurs en plateforme et intelligence artificielle, en gestion ressources humaines et en innovation pédagogique.

Deux ans d’exploration et de développement des badges numériques

Il y a deux ans, je faisais ma première conférence publique sur la thématique des badges numériques.

Bien que j’avais découvert le concept et la technologie à l’automne 2014, c’est lors de l’événement du REFER 2015 Rendez-vous des écoles francophones en réseau sur la thématique Le numérique à l’école : entre humanisme et utilitarisme que j’ai présenté la conférence Badges numériques et innovation pédagogique devant des enseignants, des conseillers pédagogiques, des gestionnaires et surtout l’équipe de la FEEP, Nancy Brousseau et Normand Brodeur. J’ai par la suite collaboré à la mise en place du projet CADRE 21 en développement professionnel des enseignants avec Jacques Cool et plusieurs collaborateurs..

Comme entrepreneur avec ma startup Pygmalion, j’ai développé une offre de service (stratégie, des méthodologies d’accompagnement), géré des projets et développé la technologie BadgeFactor, un de système de badges numériques sur WordPress. En plus du projet avec CADRE21, j’ai démarré des mandats avec des universités et des collèges et Cégeps. Sur cette période, j’ai présenté 20 conférences et ateliers sur les badges numériques comme entrepreneur et comme chercheur.

En effet, j’ai démarré mon doctorat en communication organisationnelle à l’UQAM à l’automne 2015. Ma thématique de recherche est… les badges numériques! Mon intérêt est l’utilisation de badges numériques comme outil de reconnaissance du développement des compétences en contexte formel et non-formel dans l’univers des Fab Labs et des Living Labs.

Aujourd’hui, je lance le site Badgenumerique.com, un Hub d’information, de veille et de ressources pour découvrir l’univers des badges numériques et du standard OpenBadges. Je constate qu’il faut raconter l’histoire du mouvement des badges, une aventure qui a débuté en 2011 chez Mozilla. Je souhaite contribuer à la croissance de l’intérêt des badges dans ici au Québec, mais aussi dans la francophonie.

 

Avec le Sommet sur les attestations (Digital Credentials) et les badges numériques par IMS Global le 28 février dernier à Orlando en Floride, le standard Openbadges passe en troisième vitesse.

Participation au Fab12 à Shenzhen en Chine

Cette année, j’ai eu le privilège de me rendre au Fab 12, conférence internationale annuelle sur le mouvement des Fab Labs soutenu par la Fab Foundation, qui avait lieu à Shenzhen en Chine.

Communautique, candidature pour Fab 14

J’y étais, à titre de vice-prédisent du conseil d’administration de l’organisme Communautique, un hub d’expérimentation et de formation en innovation ouverte, situé à Montréal, Québec qui gère le premier Fab Lab reconnu par le MIT au Canada, échoFab. Nous sommes donc directement impliqués dans le mouvement au Québec, avec le réseau Fab Labs Québec.

Ainsi, avec une petite délégation, et un dossier béton, nous avons présenté la candidature de Montréal pour l’obtention de l’événement Fab 14 en 2018. Nous avons fait une courte présentation (style pitch) de 6 minutes pour faire connaitre aux participants du Fab12 notre ville et les avantages de celles-ci pour accueillir la communauté et la Fab Foundation. Notre dossier de candidature était impressionnant avec l’appuie du Maire de Montréal, Denis Coderre, du premier ministre du Québec, Philippe Couillard et le premier ministre du Canada, Justin Trudeau.

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Nous avons finalement été 2es dans la course et c’est la ville de Toulouse en France qui a remporté les honneurs avec une présentation très impressionnante. Il faut dire qu’en France, il y a plus de 80 Fab Labs, 2e pays en aillant le plus dans le réseau. Par contre, je sais que nous avons eu un grand succès d’estime de la part de plusieurs personnes importantes au sein du mouvement. Nous allons réitérer l’expérience de présenter notre candidature pour les prochaines fois.

Chercheur sur les Fab Labs

J’y étais aussi comme « chercheur en résidence » avec la présentation de mes travaux  de recherche intervention sur l’utilisation des badges numériques pour valoriser, reconnaître et certifier les apprentissages et les accomplissements possibles dans un Fab Lab. Malheureusement, mon atelier Codesign digital badges for Fab Labs #FAB12 n’a pas eu lieu concrètement puisque le choix des ateliers par les participants se faisait le jour même sur place. Il y  avait beaucoup d’ateliers disponibles et le nombre de participants était moindre que prévu. Mais, j’ai eu l’occasion de présenter les résultats préliminaires du projet lors de ma participation à différentes tables de travail, d’ateliers ouverts et de comités de réflexion.

Lors de cette semaine d’activité, j’ai surtout eu l’occasion de rencontrer en personne plus d’une vingtaine de personnes provenant d’autant de pays différents. Autant le fondateur Neil Gershenfeld, la directrice de la Fab Foundation, Sherry Lassiter, les seniors et plus ancien du mouvement des Fab Labs, ainsi que des acteurs terrains très actifs. Communautique et des fabbers du Québec ont participé aux 3 dernières éditions de cet événement. Pour ma première fois, j’ai connecté avec plusieurs vrais fabber/fab manager mais aussi avec des acteurs plus commerciaux et académiques autour des Fab Labs. Pour Communautique, c’est une opportunité de poursuivre le développement des Fab Labs au Québec et au Canada.

Shenzhen et l’innovation technologique en Chine

La dernière journée de la semaine était consacrée à une série de conférences thématiques sur l’univers des Fab Labs et le futur. J’ai pu rapidement comprendre et confirmer que la Chine est LE joueur technologique de la planète. Ils veulent être le Sillicon Valley du Hardware (ils le sont déjà). Shenzhen, une ville qui n’était pas là il y a 30 ans, est le coeur de l’innovation technologique de la Chine, et de la planète.

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J’ai eu l’occasion de visiter un édifice de 10 étages (parmi une dizaine dans ce quartier!) avec des centaines et des centaines de petits kiosques où il est possible d’acheter n’importe quelles technologies. Dernière chaque kiosque, il y a une usine de fabrication en dehors de la ville. C’est un immense marché au puce high-tech avec des vendeurs de pièces (fil, boulon, connecteur, etc.), des gadgets technologiques (clé USB, tablette, ordinateurs, caméra, écouteur, souris, etc.), des installions serveur, des imprimantes 3d, des drones, etc. Le tout disponible a des prix très bas ou dérisoires.

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Presque tout ce que nous consommons comme technologie est produit en Chine et il est possible de les acheter dans ce genre de méga-centre technologique. D’ailleurs, il y a plusieurs entreprises des États-Unis, d’Europe et d’Asie qui viennent s’établir à Shenzhen pour offrir des services clé en main en design de produit (de l’idée à la production de masse). Les cycles d’innovations et de production sont beaucoup plus courts.

La Chine et l’innovation biologique

Par contre, ce qui m’a réellement fasciné et aussi décontenancé, ce sont les avancées très significatives de la Chine dans l’univers des biotechnologies, de la compréhension de l’ADN (le langage du vivant) et des manipulations génétiques. Des entrepreneurs chinois ont présenté leur technologie de séquençage de l’ADN humain à des prix infimes et à une rapidité déconcertante. Selon eux, le premier séquençage a demandé 10 ans et 1 milliard de dollars, maintenant, dans une machine grande comme un réfrigérateur, ils peuvent faire un séquençage en 12 heures pour 100 dollars. Ils ont même déjà développé un complexe  pour accélérer la recherche et l’analyse des ADN afin de trouver des solutions pour le traitement des maladies, pour améliorer la santé et la longévité, l’agriculture et les technologies vertes du futur. Il y a même des avancés sur l’ADN artificielle.

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Dans cette perspective, le monde des Fab Labs prend aussi ce virage avec le Bio Academy – How to Grow (almost) Anything.

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Nous entrons définitivement dans un autre monde d’innovation où l’enjeu éthique du vivant est encore plus important que ceux, déjà importants, de la gouvernance des données et de la vie privée avec le numérique. La solution est certainement de développer des compétences et de rendre ces innovations compréhensibles pour les décideurs et surtout les citoyens.

L’usage des badges numériques dans le monde académique, en milieu de travail et dans la société

Depuis un an, je m’intéresse au phénomène des badges numériques. J’ai eu l’opportunité de publier deux articles sur le sujet dans le bulletin de septembre 2015 de l’Observatoire compétences-emplois de l’UQAM.

Dans le premier article Les badges numériques et la révolution de l’apprentissage, j’ai présenté l’origine, l’utilité et le fonctionnement des badges numériques.

Voici le deuxième article en version intégrale

Depuis quelques années, les badges numériques ont le vent dans les voiles dans l’univers de la reconnaissance de l’apprentissage et des compétences. Les badges numériques sont des représentations visuelles en ligne, utilisés pour motiver les apprenants et reconnaitre les apprentissages ou valider et certifier des compétences en situation d’apprentissage formel, informel ou non formel. Dans cet article nous présentons les usages des badges numériques dans les trois mondes de l’apprentissage tout au long de la vie que sont l’école, le travail et la société.

Le monde académique

Le phénomène des badges numériques amène les établissements du monde académique à revoir leur manière de faire au niveau pédagogique (pour la motivation), technologique (pour suivre la progression des élèves) et organisationnel pour repositionner le rôle de l’école dans la communauté. Les expérimentations pullulent. En voici des exemples.

Les écoles

Les écoles primaires et secondaires utilisent les badges comme outils d’accompagnement et de motivation des élèves. Elles s’en servent aussi pour personnaliser l’apprentissage, faciliter la gestion de classe et soutenir des approches pédagogiques par compétences ou par projets.

En Angleterre, Makewav.es met à la disposition des élèves et des enseignants un réseau social sécuritaire. Il s’agit d’une plateforme Web qui offre des espaces de création d’activités pédagogiques permettant l’utilisation de badges numériques comme outils de valorisation des apprentissages. Plus de 65 000 étudiants et 10 000 enseignants utilisent Makewaves sur une base régulière. Il y a aussi des partenaires externes qui peuvent développer des projets spéciaux. Le projet SAFE sur l’acquisition de comportements sécuritaires sur Internet en est un exemple.

Au Québec, l’entreprise Scolab a développé la plateforme francophone Netmaths, un outil d’aide au devoir qui permet aux élèves de pratiquer et de développer leurs compétences en mathématiques de façon autonome. Netmaths est utilisé par plus de 325 000 élèves et des milliers d’enseignants québécois. Elle offre une banque de plus de 10 000 situations d’exercices supportées par des badges de connaissance comprenant plusieurs niveaux, des badges de compétences transversales (communication, coopération, pensée créatrice) et des badges d’accomplissement selon le nombre de missions effectuées. Précisons que Scolab est un précurseur dans l’utilisation du format standard de badge ouvert (Open badge) de Mozilla. Depuis, l’entreprise a percé le marché américain avec le même service sous le nom de Buzzmath.

Un autre exemple québécois, Classcraft, une plateforme de jeu de rôle pour accompagner l’apprentissage en classe. Les élèves incarnent un personnage fictif d’inspiration médiéval (guérisseur, mage ou guerrier) ayant des pouvoirs spécifiques et ils doivent accomplir des tâches en classe pour recevoir des points en solo ou en équipe. Le projet a été créé par un enseignant de physique qui cherchait un moyen pour stimuler les interactions en classe tout en augmentant le niveau de la collaboration entre les élèves. La plateforme permet d’améliorer la motivation, les performances académiques et les savoir-être comme la collaboration, l’empathie et le leadership tout en soutenant la gestion de classe. En juillet 2014, plus de 7 000 enseignants provenant de 50 pays avaient adopté cette plateforme.

Les collèges et les universités

Les diplômes traditionnels vont demeurer essentiels au processus d’évaluation et de certification, mais ils seront bonifiés par les badges numériques. Les badges deviennent complémentaires au format traditionnel des programmes et des cours (cocurriculum) en permettant d’augmenter la reconnaissance d’apprentissages et de compétences réalisés lors d’activités connexes, en classe et à l’extérieur. Voici d’autres exemples d’utilisations : protéger l’intégrité et la réputation des certifications émises par les institutions en resserrant la gestion de l’identité des diplômés; permettre aux étudiants de choisir plus efficacement les programmes et les cours en lien avec leurs intérêts et les besoins du monde du travail; offrir aux étudiants un environnement de gestion de carrière et de formation continue tout au long de leur vie. Plusieurs universités ont entamé des projets d’implantation de système de badges. Voici quelques exemples.

Aux États-Unis, l’Université Purdue a été la première à développer un système d’apprentissage qui intègre les badges numériques. Ce système offre un environnement complet d’accompagnement aux professeurs pour la création de contenus et l’utilisation d’une plateforme techno-pédagogique. Les badges numériques permettent aux professeurs de mieux suivre la progression des étudiants et à ceux-ci, de mieux voir leur parcours d’apprentissage.

L’Université Davis California a testé un système de badges dans un programme sur l’agriculture durable et les systèmes alimentaires. Les badges ont été utilisés pour favoriser le développement de compétences essentielles telles que la pensée systémique, les méthodologies d’expérimentation, la compréhension des valeurs et la communication interpersonnelle.

D’autres universités ailleurs dans le monde ont expérimenté les badges numériques tels que l’UniversitéBeuth en Allemagne avec ProfilPass, un système de reconnaissance des acquis et des compétences destinés aux étudiants étrangers. Ils ont aussi développé une version de ProfilPass pour les 12-18 ans permettant l’accompagnement et l’orientation de carrière pour les jeunes.

Plus près de nous, au Canada, l’Université de Colombie-Britannique a été une des premières à expérimenter l’utilisation de badges numériques en déployant trois projets pilotes en droit et jeux vidéo, en éducation et en compétences numériques. Depuis, ils ont documenté leur processus de création de badges numériques, autant sur les volets organisationnel, pédagogique que celui du design.

Au Québec, le Cegep à distance a exploré la création d’un cours de biologie en mode MOOC en y ajoutant des badges numériques qui balisent le parcours d’apprentissage. Ils poursuivent l’expérience, en 2015, avec un cours portant sur la gestion des finances personnelles.

Le milieu du travail

Pour l’entreprise, les badges numériques viennent en support à la fonction RH comme outil de gestion des talents et du capital humain. Pour les travailleurs, les badges numériques offrent la possibilité de maîtriser leur parcours professionnel et de communiquer leurs compétences. Ils permettent aussi à ceux qui obtiennent une certification d’acquisition de compétences, de la communiquer à l’interne, sur leur propre site Web, sur les réseaux sociaux professionnels (comme LinkedIn) et à travers les médias sociaux (comme Facebook, Twitter, etc.).

Le recrutement

Pour jauger de la pertinence des candidatures pour un poste donné, les responsables RH avaient à leur disposition, jusqu’à récemment, que le curriculum vitae accompagné de références « disponibles sur demande » qu’il leur fallait contacter pour obtenir des informations sur les compétences des candidats. Les badges numériques simplifient et enrichissent cette opération en permettant aux recruteurs, internes et de plus en plus externes, de prendre connaissance et de valider plus rapidement les compétences des candidats. Dans un avenir rapproché, ils permettront de filtrer les candidats sur des compétences plus difficiles à vérifier, comme le leadership, la communication, la collaboration, soit les savoir-être (Soft skill). Par exemple, obtenir un badge numérique sur la compétence de « leadership » décerné par un centre de formation professionnelle avec des preuves en ligne permettrait de sélectionner plus efficacement les bons candidats pour la poursuite du processus d’embauche avec les entrevues, les tests psychométriques et les simulations.

La formation et le développement professionnels

Les badges numériques permettent de rendre les parcours de formation visibles dans l’entreprise et d’accompagner les employés dans leurs choix de spécialisation. C’est aussi un outil d’évaluation des compétences manquantes du personnel. Voyons quelques exemples.

IBM offre un exemple éloquent avec son programme de badges numériques, l’entreprise permet auxtravailleurs du secteur des technologies de l’information (TI) de se former, d’obtenir des certifications et de les diffuser sur les médias sociaux. Pour ce faire, IBM s’est associé à des partenaires de contenu comme Bigdata Universiy qui offrent des formations spécialisées dans le domaine. Pour IBM, c’est une manière de développer les compétences de ses employés, mais c’est aussi l’occasion d’identifier et d’attirer les meilleurs talents.

Dale Carnegie Training entreprise internationale de formation à distance des travailleurs, a transformé l’ensemble de ses formations continues en y ajoutant des badges numériques. Le contenu de leurs formations est aligné sur les standards de plusieurs secteurs d’activités et professions (la norme PMI pour la gestion de projet par exemple). De plus, ils ont regroupé des compétences en « kit » via des formations plus longues et les badges facilitent la compréhension et la communication de ceux-ci. Par exemple, la formation Time management d’une durée de 12h permet d’obtenir trois badges, soit : Cool Headed, Leader et Organized Professionnal.

Le National Retail Federation aux États-Unis a remplacé les certificats de formation et de compétences en format papier ou PDF par des badges numériques. Il est plus facile de valider l’authenticité de la certification puisque l’information est cryptée pour chaque apprenant sur le site Web officiel de l’organisation.

Plus près de nous au Québec, l’initiative du CADRE 21 (Centre d’animation, de développement et de recherche en éducation pour le 21e siècle) développe entre autres une plateforme de formation continue pour les enseignants. La plateforme permettra d’accompagner et de certifier l’acquisition de connaissances et le développement de compétences sur différents volets du rôle professionnel des enseignants avec un système de badges numériques. Trois niveaux de badges seront disponibles (explorer, expérimenter, intégrer) sur les compétences TIC (intégration technopédagogique), la gestion de classe (différenciation, troubles d’apprentissage) et les stratégies pédagogiques (classe inversée, ludification, etc.).

La mobilisation des employés

Les badges numériques sont aussi utilisés dans les réseaux sociaux d’entreprises (social business) pour motiver et mobiliser les employés. La plateforme de Herd Wisdom une entreprise québécoise, offre un bel exemple de cet usage. Grâce à des fonctionnalités ludiques – par exemple, il est possible pour un travailleur de participer à des concours internes, de collaborer à résoudre des problèmes et de faire du maillage plus social selon ses intérêts – l’entreprise souhaite hausser la productivité, stimuler la créativité et l’innovation et diminuer le taux de roulement des employés.

La société

Les apprentissages sont partout possibles, ailleurs que dans le monde académique et celui du travail. Le plus souvent, ils sont de l’ordre du non-formel et de l’informel. L’apport des badges numériques est ici de mettre en valeur et de rendre visibles les compétences acquises lors, par exemple, d’activités de bénévolat et d’éducation populaire. Ils contribuent ainsi à donner un sens et une valeur d’échange réelle à ce que l’on apprend tout au long de la vie.

Parmi les nombreux exemples d’organismes en éducation populaire, le mouvement des scouts à travers le monde fait figure de pionnier dans l’utilisation d’un système de badges sur leur vêtement pour reconnaître l’acquisition de compétences et d’accomplissements comme « premier soins, natation, pêche, camping, etc. ». Avec plus de 100 ans d’histoire et d’expérience, ils ont su s’adapter aux nouvelles compétences du 21e siècle avec des badges sur les « technologies numériques » et sur la « robotique » . Dans les deux cas, les exigences et critères sont impressionnants pour obtenir les badges. Les scouts des États-Unis ont annoncé en 2015 qu’ils allaient transposer les badges en tissus dans un format de badges numériques dans un avenir proche.

Les villes apprenantes

Selon la Déclaration de Pékin sur la création des villes apprenantes par l’UNESCO en 2013 une ville apprenante mobilise les ressources humaines et autres pour promouvoir un apprentissage intégrateur de l’éducation de base à l’enseignement supérieur; elle ravive l’apprentissage au sein des familles et des communautés; elle facilite l’apprentissage pour l’emploi et au travail; elle étend l’usage des techniques modernes d’apprentissage; elle accroît la qualité de l’apprentissage; et elle favorise une culture de l’apprentissage tout au long de la vie.

Aux États-Unis, le mouvement des badges numériques a investi l’univers des villes apprenantes via le programme Cities of learning qui a pour objectif de transformer les villes en véritables réseaux d’apprentissage et en campus à ciel ouvert. Le concept est simple : tous les organismes qui offrent des opportunités d’apprentissage sont répertoriés sur une plateforme où les citoyens peuvent choisir des activités selon leurs intérêts. Ils cumulent ainsi des badges numériques qui rendent visibles leurs apprentissages et leurs réussites.

La ville de Chicago, avec son projet Chicago City of learning est la première ville à avoir fait l’expérience de cette approche innovante. Aujourd’hui, leur plateforme répertorie plus de 2 500 activités classées par sujet dans le domaine des arts, de la science, des médias, du sport, de l’informatique, etc.

Les espaces d’innovation

Depuis près de 10 ans, de nouveaux espaces d’innovation et d’expérimentation se développent. Les laboratoires d’innovation ouverte et de design collaboratif (Living Lab) et les espaces de fabrication numérique (MakerSpace, Fab Lab) comme l’impression 3D, la découpe laser et la robotique sont des exemples. Au Québec, l’espace échoFab de l’organisme Communautique, est le premier Fab Lab reconnu par le MIT au Canada. Il innove avec des projets de recherche et d’expérimentation sur l’acquisition des compétences du 21e siècle via des activités et des formations. Les badges numériques peuvent contribuer à la valorisation des compétences comme la pensée design (design thinking), le prototypage et la collaboration dans le codesign de solutions.

Formation en ligne nouvelle génération

Les technologies du Web (partage de vidéos, vidéoconférences, réseaux sociaux) et celles de la mobilité (téléphone intelligent, tablette) ont permis l’émergence de nouveaux moyens de formation. Les badges numériques y sont utilisés pour reconnaître la participation à ces formations. L’exemple des MOOC (cours en ligne gratuits et ouverts) offerts par d’éminents professeurs ou par des experts est le plus connu.

L’organisation Mozilla a créé Webmaker, un programme de formation en ligne qui permet de développer les 15 compétences de la littératie Web nécessaires pour lire, écrire et échanger sur le Web. L’objectif de Mozilla est de rendre l’univers du Web plus ouvert et mieux maîtrisé par tous les citoyens. Webmaker utilise un système de badges numériques pour reconnaitre l’apprentissage des compétences Web. Le programme offre aussi des badges pour ceux qui veulent devenir formateurs Web. Par exemple, le badge « Teaching Kit Remixer » est octroyé aux personnes qui ont utilisé, adapté et redistribué les outils d’enseignement de Webmaker.

La plateforme Wixx de l’organisme Québec en forme vise à motiver les jeunes à bouger et à faire de l’activité physique. Ils utilisent un système de badges numériques qui permet de cumuler des points, de participer à des tirages et d’obtenir des prix. Les jeunes peuvent récolter plus de 90 badges, soit par des missions ou en participant à des événements. Pour les obtenir, ils doivent déposer une preuve d’accomplissement au moyen de photos et de vidéos affichées sur leur profil. Par exemple, un jeune qui fait la mission d’apprendre à faire des acrobaties avec une trottinette freestyle dans un skateparkdoit s’exercer, se filmer et partager la vidéo comme preuve d’accomplissement pour obtenir le badge.

Khan Academy une organisation à but non lucratif a développé une plateforme d’apprentissage gratuite pour tous. En 2006, M. Khan, professeur américain, a utilisé YouTube pour offrir des capsules pédagogiques sur des notions de mathématiques. Depuis ce temps, plusieurs autres disciplines (science, informatique) sont disponibles sur la plateforme, et cela dans plusieurs langues. Un système de badges numériques y est utilisé pour motiver et suivre la progression des apprenants. La plateforme s’adresse plus spécifiquement aux jeunes, de la maternelle au secondaire, mais les parents peuvent aussi se créer un profil, faire les exercices et se connecter avec leurs enfants.

Plus récemment, Duolingo une entreprise née en 2012, offre un service gratuit d’apprentissage des langues via une application mobile. Elle compte aujourd’hui plus de 100 millions d’utilisateurs. Elle utilise un système de badges numériques pour motiver les apprenants, donner à voir la progression des apprentissages et confirmer l’obtention des compétences acquises. En 2014, ils ont lancé le service Duolingo Test Center, un service rapide de certification à distance avec des procédures d’authentification sécuritaires, en corrélation avec les standards, pour un coût modique (20$ au lieu de 200$). Selon une étude indépendante, l’utilisation de 34 heures (en moyenne) de la plateforme Duolingo serait l’équivalent d’un semestre d’apprentissage d’une langue (cours traditionnel de 45 heures). Rapport Duolingo Effectiveness Study.

Même la reconnaissance d’apprentissages par les pairs via des badges numériques est envisageable à travers des plateformes en ligne comme le permet le service de maillage entre apprenants de l’entreprise e-180 de Montréal. Sur cette plateforme, une personne affiche ce qu’elle veut transmettre comme connaissance et ce qu’elle cherche à apprendre. Par la suite, les personnes peuvent entrer en relation en consultant la banque d’offres et de demandes. Par exemple apprendre à jouer de la guitare, créer son site Web, voyager en Europe à peu de frais, tondre son chien, etc. Les deux personnes se fixent alors un rendez-vous pour une rencontre d’une heure de partage et d’apprentissage entre pairs.

Les badges numériques comme outils de reconnaissance des apprentissages tout au long de la vie concrétisent les utopies des penseurs du 20e siècle sur l’éducation, l’apprentissage et l’accès à la connaissance. Pensons aux arbres de connaissances et à l’intelligence collective de Pierre Lévy, à l’homme symbiotique de Joël de Rosnay, à Cyberespace et communautique de Pierre-Léonard Harvey; ces penseurs visionnaires ont anticipé le XXIe siècle et ceux et celles qui les ont lu dans les années 90 pouvaient difficilement imaginer comment ces rêves généreux prendraient forme.

L’article sur le site de l’observatoire : L’usage des badges numériques dans le monde académique, en milieu de travail et dans la société